Et vous, aimez-vous la neige ? { Kisuke-sama

« Ruika-kun... Kisuke-sama veut te voir dans son bureau immédiatement. »

Voilà pourquoi le blondinet marchait lentement dans les couloirs, se dirigeant vers la haute autorité de l'okiya. Une boule de peur le tenait au ventre malgré tout. Les paroles de Hanako, une autre Ranmaru, l'avait quelque peu chamboulé. Pourquoi donc son supérieur et maître voulait-il le voir, soudainement ? Un long soupir lui échappa, alors qu'il s'engageait dans un nouveau couloir, le bruit de ses pieds nus à peine audible sur le parquet brillant tellement il était propre.

Tournant à un nouveau coin de couloir, il ne tarda pas à pousser la lourde porte qui menait aux pièces de l'administration, bifurquant à droite pour accéder au bureau de Kisuke. Il se stoppa un instant, dénouant son obi pour rajuster son kimono, d'un joli pourpre, orné de longues fougères brodées de fil doré. Il renoua ensuite la bande de tissu noir autour de sa taille pour s'approcher de nouveau de la porte qui menait au bureau de son maître, y frappant trois coups timidement.

Une fois que le blond lui eut permis d'entrer, Ruika actionna la poignée de la lourde porte de chêne, la refermant derrière lui. Après quoi il s'avança de quelques pas vers le bureau, se stoppa, et s'inclina profondément, respectueusement, face à celui qui était et serait son maître pour encore quelques temps, jusqu'à ce que quelqu'un ne vienne l'acheter en tant qu'esclave.

« Bonjour, Kisuke-sama. »

Un ton respectueux, malgré la crainte qui transparaissait derrière son timbre clair et délicieusement chantant. Et maintenant, il n'avait plus qu'à attendre que Kisuke lui dise de se redresser pour le faire. C'était comme ça, la hiérarchie de l'okiya...

Ruika s'installa donc sur l'une des chaises que lui désignait Kisuke, les mains soigneusement serrées sur ses cuisses, la tête baissée. Il sentit plus qu'il ne vit son supérieur se déplacer pour s'appuyer contre son bureau, se contentant de l'écouter parler, les sens aux aguets. "Des rumeurs de couloir se veulent peut... encourageante vis a vis de ta personne Ruika... Elles disent que... le soir il t'arrive de sortir en catimini quand tu ne travailles pas et que tu crois tout le monde endormie... pour te rendre dieu sais ou et ne rentrer qu'au petit matin..." Pardon ?

L'androgyne releva brutalement la tête, les yeux légèrement écarquillés. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Les seules nuits où il osait sortir, c'est qu'il n'arrivait pas à dormir et préférait aller retrouver la compagnie des fleurs du champ pour se calmer ! Bon Dieu, il était vraiment dans les ennuis jusqu'au cou... Il allait pour se justifier mais déjà, Kisuke reprenait. "Vois tu... je risque de m'énerver si j'apprends que tu découche pour t'envoyer en l'air ou pratiquer tout autre activité pouvant mettre en perile la réputation de l'établissement... si tu préfère de faire sauter par n'importe qui et en dehors de mon autorité.. dans se cas tu t'en vas !! je ne supporte pas la traitrise et les déserteurs !!..."

Ruika déglutit difficilement, gardant son regard caramel ancré dans celui de Kisuke. Il fallait qu'il se justifie, mais pour l'instant il n'arrivait pas à parler... pourtant il savait que la colère de Kisuke était crainte par tous dans l'établissement... Un petit gémissement effrayé lui échappa malgré lui et, finalement, sa voix s'éleva, rapide et précipitée.

« Je n'ai jamais été voir personne Kisuke-sama... Les rares soirs où je sortais de ma chambre, ce n'était que pour aller calmer mes peurs au milieu du champ de fleurs... Un seul homme a osé... me toucher... pour... me faire du mal... et depuis plus personne n'a reposé la main sur moi de cette façon, je vous le jure ! »

Il suppliait presque son supérieur, ses yeux rendus déjà brillants par les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. Non, calme-toi...

"Tu sais que tu n'as pas le droit de sortir de ta chambre la nuit sans autorisation si ce n'es pas pour raccompagner a client a la porte...." Ruika se mordit la lèvre, stoppant ainsi le flot de paroles incompréhensibles qui lui échappaient. Bien entendu qu'il le savait... Seulement, quand il cauchemardait, il n'arrivait pas à se calmer autrement qu'en allant voir les fleurs... les plantes étaient ses meilleures amies, avec le silence et la solitude... L'odeur de la cigarette atteignit les narines de Ruika qui éternua légèrement, plaquant immédiatement les mains sur son visage pour éviter de balancer des microbes partout. Il détestait cette odeur...

"Tu sais que je vais devoir te punir... même si ce que tu me dis est vrai et si je suis disposé a te croire.. tu as quand même enfreint le règlement... et ça ne resteras pas sans conséquence...." Le blondinet faillit bien sauter de joie. Kisuke le croyait... Mais la fin de la phrase le stoppa bien vite dans son élan. Pas sans conséquences, hein... Il sentait déjà la punition arriver, les coups s'abattre sur son dos... Maus au lieu de cela, son supérieur se contenta d'attirer le fauteuil où était installée le blondinet vers lui, posant ensuite ses jambes de part et d'autre du corps frêle de l'androgyne. Qui savait déjà ce qui l'attendait...

Le fait que Kisuke lui arrache brutalement un baiser le conforta dans ses idées, ainsi que sa main dans ses cheveux, qui l'obligea à se pencher vers l'entrecuisse de son maître. "Fais toi pardonner..." Et voilà, le cauchemar recommençait... Eternellement... Ruika déglutit avec difficulté, levant un regard apeuré vers le visage de son maître, pour finalement commencer à détacher maladroitement sa ceinture de ses mains tremblantes. Encore quelques minutes à se débattre avec le tissu du pantalon et la verge de Kisuke était à l'air libre, les mains fines de l'androgyne s'y posant avec réticence, pour l'exciter un tant soit peu avant de faire ce qu'il avait à faire...

En quelques coups de poignets, le sexe de Kisuke, dans sa main, avait adopté des proportions plus qu'acceptables. Honorables, même. Ruika fixa un instant la colonne de chair avant de fermer les yeux, prendre une grande inspiration et refermer ses lèvres sur l'extrémité du membre tendu, retenant à grand peine un frisson de dégoût. Pourquoi tout lui tombait-il dessus ? Pourquoi lui ?

Ruika faillit bien s'étouffer lorsque Kisuke se libéra dans sa bouche. Il se sentait passablement mal. Humilié, encore une fois sali. Mais il attendit bien sagement que son maître ait terminé sa petite affaire, comme un chien attendrait son maître sur le pas de la porte... Et une fois que plus rien ne s'échappa du sexe de Kisuke, Ruika put enfin se retirer, avalant difficilement ce qu'il avait dans la bouche. Il n'avait pas de mouchoir sous la main et, de toute manière, le blond lui aurait ordonné de tout avaler... Un filet de liquide blanc coula au coin des lèvres de l'androgyne qui eut un léger hoquet en manquant une nouvelle fois de s'étouffer, cette fois ci tout seul. Il essuya rapidement son visage, les larmes aux yeux.

« Puis-je... puis-je partir, Kisuke-sama ? »

La voix de Ruika n'était plus qu'un murmure à peine audible, alors qu'il baissait la tête, toujours assis dans son fauteuil. Oh oui, qu'il le laisse partir... Il aimerait bien pleurer tranquillement, seul au fond de son lit, tellement la honte le prenait au ventre. Et il lui semblait que des taches de saleté s'étaient dessinées sur sa peau blanche, la souillant de plus belle. Il voulait aussi les faire disparaître en frottant... Frotter et griffer sa peau, peut-être que cela ferait partir les taches...

Des doigts sous son menton obligèrent Ruika à relever la tête. Son regard croisa celui de Kisuke, ne pouvant plus s'en détacher une fois capté. "j'espère que je me suis bien fait comprendre... si j'ai a te le redire... ou si j'ai encore l'occasion de douter de toi... je serais beaucoup moins conciliant.... c'est clair ?" Au moins, son maître ne lui avait pas donné de correction trop violente... Il n'osait pas imaginer ce qui aurait pu se passer si le blond avait décidé de ne pas lui donner d'avertissement... L'androgyne sentit soudainement sa joue le brûler et son visage partir sur le côté, alors qu'une vive douleur traversait sa lèvre inférieure. Un liquide chaud coula sur son menton. Kisuke l'avait giflé tellement violemment que sa lèvre s'était fendue sous le choc...

"Et maintenant retourne dans ta chambre !! et je ne veux plus avoir a te reprocher... que ça soit dans ton attitude ou dans ton travaille compris ?" Ruika hocha la tête alors qu'il essuyait sa lèvre ouverte du dos de sa main, se levant ensuite pour s'incliner devant son supérieur, toujours aussi respectueusement. Ses yeux le brûlaient, sa joue aussi, il avait envie de pleurer et, plus que tout, envie de vomir.

« Bien, Kisuke-sama. Bonne soirée à vous... »

Et le petit androgyne se redressa, pour ensuite filer hors du bureau, la lourde porte de bois claquant derrière lui avant qu'il ne s'y adosse un instant. Une larme roula sur sa joue, pour se perdre dans son cou, alors qu'il s'éloignait dans le couloir.